30 ans, le bel-âge pour le Challenge du Montcalm

Marathon du Montcalm 2019

Si les compétitions de trail sont récentes, l’âge des courses en montagne se compte en décennies.
Le Marathon du Montcalm va fêter ses 30 ans lors de l’événement prévu du 15 au 18 août prochain. Un bien bel anniversaire pour cette épreuve née au coeur de l’Ariège, qui a gardé l’esprit de ses débuts : de la haute montagne, des coureurs et des bénévoles passionnés qui reviennent à Auzat pour vivre et faire vivre l’événement.

Aujourd’hui, outre le Marathon du Montcalm (42 km / 2580 m+), course phare avec ses deux passages à plus de 3000m, il existe aussi un KV, une course en montagne de 13 km (650 m+), un trail de 25 km (1250 m+), et un ultra unique, la PicAPica (109 km / 11 500 m+) au ratio distance / dénivelé parmi les plus élevés du monde.

Pour nous parler de ces 30 ans et de ce qui fait le Montcalm aujourd’hui, nous avons échangé avec Gilles Denjean, organisateur depuis 2015 et présent depuis les débuts de cette aventure.

Gilles, vous avez repris la direction de l’organisation en 2015 mais vous avez suivi presque toutes les éditions. Enfant du pays, vous connaissez par coeur cette montagne et l’histoire de cette course. Comment naît la course du Montcalm, et à quoi ressemblait-elle à ses débuts ?

La course du montcalm a été créée en 1990 par B. Piquemal, président de la communauté des communes, pour promouvoir le territoire de la vallée d’Auzat et du Vicdessos. Le déclin industriel de l’entreprise d’aluminium Pechiney était engagé et il fallait chercher des moyens pour faire vivre cette vallée. Ce fut le début du lancement de la station sport nature du Montcalm et du développement des activités outdoor.

Le Montcalm n’est pas mort” : Gilles Denjean

Je suis au coeur de l’organisation depuis 25 ans, et pendant toutes ces années je n’ai cessé de me promener dans ces montagnes. A la suite de la décision des élus actuels de mettre un terme à l’édition 2015, je n’ai pu me résoudre à abandonner un tel événement et j’ai pris la présidence d’une association. J’ai très vite été soutenu par tout un collectif de bénévoles qui est la force du Montcalm depuis 30 ans. Ils sont plus de 400 à oeuvrer pour la réussite de l’événement.

Ce collectif, soutenu par le conseil départemental 09 et la région Occitanie, se lance dans l’aventure en juin 1990. Il y a deux mois pour reconstruire la manifestation. Jean Michel Faure Vincent me confirme tout de suite son engagement et son soutien au nom de Salomon. Le Montcalm n’est pas mort.

Parti comme une expérience les premières années, cela fait maintenant 30 ans que ça dure et l’état d’esprit « Montcalm » n’a pas évolué, une équipe soudée, de la passion, de l’investissement, de la solidarité, de l’envie, des soutiens financiers et l’envie de faire plaisir aux coureurs qui se comptent par milliers depuis 1990.

Aujourd’hui l’événement rassemble près de 1500 participants toutes épreuves confondues. Mais à partir de quand a-t-il pris de l’ampleur, et pourquoi ?

Tout au long de ces 30 ans, le challenge du Montcalm n’a cessé de se développer grâce à des parcours de premier plan mais surtout grâce à une organisation très professionnelle…malgré son côté bénévole. De plus, il a su évoluer et s’adapter à l’évolution du trail. En 1999, pour les 10 ans, nous avions proposé un troisième sommet à plus de 3000m. Ce fut une réussite et le vrai décollage de la manifestation. Au fil des années, le parcours a évolué.

Marathon du MontcalmEn 2002, nous avons lancé un festival de la montagne pour créer une véritable fête autour des courses du Montcalm. Spectacles, animations, mais surtout une mise en avant des activités de la station sport nature du Montcalm : parapente, spéléologie, canyoning, parapente, VTT, randonnées…

En 2004, le départ de la chapelle de Marc est abandonné afin de proposer aux coureurs une distance voisine d’un marathon. On part du village et on revient au village comme faisaient les anciens Auzatois.

En 2009, le trail des Novis est porté à 25 km. En 2011, nous accueillons le championnat de France de Skyrunning. En 2012, c’est une manche de coupe du monde de Skyrunning. La talentueuse Italienne Silvia Serafini établit un nouveau record supersonique 5h01’17’’. Ce record  tient toujours et n’a jamais été approché.

En 2013, création d’un kilomètre vertical, départ de la place d’Auzat et direction le pic du Far pour 1000 mètres de dénivelé positif sur moins de 5 km.

Et 2015, fut l’année de la renaissance.

Et en 2018, nous avons créé un nouveau format de course, un ultra de montagne, la PICaPICA. En 4 ans la fréquentation a été multipliée par 2.

Ces montagnes, avec des pics à plus de 3000 m et la proximité de l’Andorre, ont quelque chose de particulier. Pouvez-vous nous en dire plus ?

La commune d’Auzat est une des communes les plus étendues de france. Elle se classe au 33è rang national et a la particularité d’être frontalière avec l’Espagne et l’Andorre. Nous avons des montagnes encore très sauvages avec des chemins très techniques car bien souvent peu marqués. Par exemple, la descente du Malcaras a frappé les esprits lors de la première PICaPICA car le sentier est très technique.

De mon côté, ma vallée préférée est celle d’Artiès avec les étangs de Petsiguer, du Fourcat et les pics de l’Aspre et du Tristagne. C’est magique. J’ai gravi le Montcalm de nombreuses fois, mais je garde des souvenirs particuliers des premières ascensions avec mon papa. C’était une vraie aventure, il fallait partir très tôt le matin, le refuge du Pinet n’existait pas encore, nous montions par Pla Subra, la Canalette et une descente par le Pinet. Le chemin n’était pas marqué comme aujourd’hui, c’était plus difficile. L’équipement était lui aussi bien différent. Il était plus lourd, les chaussures de montagne en cuir devaient peser près de 2 kg, les guêtres, tee-shirt de rechange, vestes, gourde, charcuterie, fromage, réchaud pour le café, un peu de Ricard et de gniole au fond du sac. C’était une autre façon de gravir ce sommet mais la passion était la même. En tout cas, il a su me transmettre sa passion de la montagne et surtout il m’a appris à toujours faire preuve d’humilité face à elle et à la respecter.

C’est une course qui a 30 ans d’histoire et on sent qu’elle est importante et qu’elle marque les gens : nombreux sont ceux qui reviennent y courir et aider à l’organisation bénévolement. Comment l’expliquez-vous ?

Cette course est devenue un événement incontournable dans la vallée, d’une part pour les habitants permanents, les résidences secondaires et pour les touristes. Certains posent leurs vacances en fonction des dates du Montcalm pour venir passer une semaine à nous aider dans l’organisation. Bernard Piquemal a su fédérer et créer un état d’esprit Montcalm. J’essaie de poursuivre dans cette voie. La convivialité dans notre organisation est essentielle et elle transpire auprès des coureurs qui régulièrement félicitent tous nos bénévoles pour les encouragements et le travail accompli.

Marathon du Montcalm - ANtoine Guillon-David GonthierLa compétition n’est pas en reste, avec des coureurs de niveau national ou international qui ont déjà participé comme Michel Lanne et Silvia Serafini (qui détiennent le record du Marathon), mais encore Michel Rabat, Stéphanie Jimenez, Benjamin Bellamy, Théo Détienne, Marc Pinsach, Adrien Michaud, Sandra Martin, Laura Orgué, Andy Symonds… Est-ce une volonté d’assister à une compétition relevée ?

C’est toujours mieux d’avoir une compétition relevée, mais pour moi tous les coureurs sont importants et il n’y a pas d’action particulière pour les élites si ce n’est une prime aux vainqueurs. On pourrait citer aussi Frédéric Frézoul, 6 fois vainqueur, le russe Leonid Thikonov, l’espagnol Kiku Soler ou encore le basque Joakim Lizeaga.
Mais comment ne pas citer Jean Louis Rouch qui a couru toutes les éditions mais pas toujours la même distance.  Nombreux sont ceux qui ont réalisé plus de 10 éditions.

Autre format, testé l’an dernier mais stoppé pour cause de mauvaise météo : la PicAPica. Cette course est un véritable défi avec ses 109 km et 11 500 m+ ! Une nouvelle aventure qui s’inscrit dans l’histoire du Montcalm ?

La création de la Picapica et son parcours en haute montagne demande beaucoup de travail pour l’équipe de bénévoles bien rodée. Cette nouvelle épreuve passe par 4 sommets à plus de 3000 m et deux pays, elle est unique dans son genre. Ce sera le plus gros ratio du monde en dénivelé au kilomètre. C’est avant tout une aventure, une randonnée, avant une course. Le défi essentiel est de terminer cette épreuve. Un des meilleurs ultra traileur du monde, Antoine Guillon, était en tête de la PICaPICA l’an dernier, quand j’ai pris la décision de stopper cette course en raison de conditions météorologiques dantesques. Mais la sécurité des coureurs et des bénévoles était et restera notre priorité. Pour une première, malgré la météo, la réussite fut totale.

Un mot sur l’organisation, qu’on imagine monstrueuse, avec l’accueil des participants sur le site départ / arrivée à Auzat, mais aussi tout le long du parcours avec les secours, les bases de vie et tout ce qu’implique la haute montagne…?

L’organisation du Montcalm est un travail permanent tout le long de l’année. Il y a tout d’abord le dispositif de secours à mettre en place. Le docteur Fabrice Dreux depuis la Martinique gère ce secteur. En 2018, nous avions quatorze médecins, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des podologues, le PGHM, le SDIS 09 et des militaires du 1er RCP de Pamiers. Mais la particularité de nos épreuves réside dans le fait que nous avons très peu d’accès voiture. Il faut transporter  plus de 10 tonnes de matériel en hélicoptère, c’est un des plus gros poste de dépense. Le balisage, l’entretien des sentiers demandent aussi une grande vigilance et un gros travail. La gestion des 2000 repas pour les coureurs et pour les bénévoles pendant plusieurs jours en montagne demande un grand professionnalisme. Nous avons la chance d’avoir André Fernandez, cuisinier de formation, dans notre équipe. Il gère de main de maître ce secteur crucial.

Pour terminer, qu’aimeriez-vous dire sur ce 30è Montcalm à tous ceux qui vous lisent ?

J’invite tous les lecteurs à nous rendre visite et à participer à une de nos épreuves. La fête sera belle et pleine de surprises. Vous serez bien reçus par cette fabuleuse équipe de bénévoles qui m’entoure. Un sourire et un merci seront notre plus belle récompense.

SITE DU MARATHON DU MONTCALM

Mathieu BERTOS – ©organisation – David Gonthier

Marathon du Montcalm - David Gonthier

mars, 2024

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