Citadelles – Lorblanchet au bout de la boue…

Le Trail des Citadelles n’en finit pas de surprendre, d’étonner, de faire pleurer, de faire rire, de faire mal, de faire tomber aussi. Cette onzième édition n’a pas dérogé à la règle d’un terrain particulièrement glissant, même si c’est vrai, les conditions météos étaient tout de même que ces quelques dernières années. Côté résultats, la sensation est bien sûr venu de la participation de Thomas Lorblanchet, le champion du Monde en titre de la spécialité, qui a bien entendu survolé les débats sur le 73 km. Tout comme d’ailleurs sur le 20km que remporte une nouvelle fois Michel Rabat, mais pas seul cette fois. Seul le 40km était indécis jusqu’au bout de la boue !

« Ah si je m’attendais à ce que cette dernière montée soit aussi raide. Ouf ! J’ai bien cru que je n’arriverais jamais au bout » Ainsi un coureur quelconque revient sur sa course tout juste terminée autour d’une bonne bière offerte à chacun par l’organisation. Il est un peu plus de 13h du côté de Lavelanet. La météo qui a, à peu près tenu bon jusque là, commence à se dégrader pour le moins. Des averses assez violentes vont donc animer cette fin d’épreuve. Une petite pensée pour tous ceux qui se sont inscrits sur le 73km et qui ne rentreront au bercail que vers 16 ou 17h. Ceux-là même d’ailleurs qui se sont levés le matin même vers 4h, 4h30 pour avaler quelque chose de consistant en vue d’un départ programmé à 6h sur la place de la ville. Peu de monde pour applaudir ces « fadas » des sentiers. Mais des cœurs gros comme ça et des courageux parfois téméraires… Le Trail des Citadelles est vraiment une épreuve qui se mérite, au moins qui se prépare. Tout le monde l’a bien compris aujourd’hui après autant d’éditions toutes aussi rudes les unes que les autres. On ne cesse d’ailleurs de le répéter dans ces colonnes depuis le temps que l’on suit l’épreuve.
Dans la salle des fêtes surchauffée, c’est en tout cas le retour au calme. On en profite aussi pour passer par la case restauration. Les bénévoles sont aux petits soins. Au menu ce midi : daube, carottes râpées, jambon, choux, fromage, yaourt et vin à volonté. De quoi se réquinquer sans honte de kilos pris ou à prendre. Les calories ont été perdues par milliers sur les terribles sentiers du Pays d’Olmes.
Car il faut bien l’admettre, si la météo a épargné l’endroit la veille de la course, il a bien plu durant toute la nuit précédant celle-ci et les chemins et sentiers qui étaient jusque là relativement praticables, se sont vite gorgés d’eau. Pour devenir en définitive aussi glissants et dangereux que les années passées. « Je souhaitais presque que la pluie arrive » explique un Michel Arnaud, organisateur assez serein après quelques années d’expérience. « Et j’exagère à peine en disant cela car ces conditions particulièrement difficiles que l’on retrouve ici ont fait toute la réputation de la course. C’est un peu la Paris-Roubaix du trail national. »
Et c’est vrai que les coureurs qui débarquent en terre ariégeoise pour ce rendez-vous de début d’année savent à quoi ils s’exposent. Il faudra tenir sur ses jambes pour arriver au bout, avant même de penser à la forme du moment. Il est passionnant de remarquer combien on se fatigue beaucoup plus rapidement avec des appuis fuyants sans cesse que sur le bitume bien secs.

Cette année, ils furent en tout mille à atteindre le nirvana. A boucler la boucle comme on dit. Bien sûr, ils étaient beaucoup plus nombreux au départ. Pas loin de 1400. Et puis il faut rajouter les quelques centaines de randonneurs qui tenaient absolument à faire leur pèlerinage annuel. Beaucoup de gens du cru.
Sur le 20km, plus petite des distances proposées ce jour, avec un départ donné vers 9h30 (ah les chanceux !), Michel Rabat, le multiple vainqueur fait office, sur le papier de grand favori. Pourtant la veille encore, il avouait être en pleine récupération du Mont Ventoux, où il finissait bon quatrième et qu’il préférait rester en dedans, accompagnant un copain à lui. Pourtant après un kilomètre passé effectivement en retrait, vers le trentième position, il va revenir sur la tête et donc sur Maxime Durand qui lui se faisait toute une joie d’aller gagner en ses terres où il avait fini deuxième deux années pus tôt. Finalement les deux hommes décideront d’un commun accord de faire toute la course ensemble. L’image fut belle. Derrière deux coureurs arriveront aussi main dans la main. Il s’agit d’Antiga et de Marcaillou, deux gars du coin, deux habitués aussi. La première vraie surprise de la journée viendra de la belle place de Christel Robin, la Niçoise, qui termine onzième au scratch. Loin devant Aurélia Truel, la spécialiste. La jeune championne triathlète a donc décidé de se faire un petit plaisir. Une saison de trail en passant. Pourquoi pas ?

Sur le 40km, le rythme sera d’entrée assez élevé dans la première montée qui mène à Montségur, première citadelle à prendre dans le programme. Bruno Bareilles, le Tarbais, est déjà là mais c’est Carlos Dos Santos qui tentera le premier sa chance. Un peu plus loin à Roquefixade, Bruno et Sébastien Perrier, le Toulousain, unissent leur force pour revenir sur Carlos et s’en allaient tous les deux. Malheureusement ils se trompent un peu de parcours et sont obligés à nouveau de chasser derrière deux autres coureurs. Bruno en avait gardé un peu sous la pédale comme on dit pour relancer dans la dernière grosse difficulté du parcours, mais Sébastien, lui, est plus marqué et laisse donc la deuxième place à Carlos. Chez les féminines, c’est une nouvelle fois Martine Latger qui s’impose. La Blagnacaise, au sortir d’une superbe saison de cross, semblait encore intouchable. Même si elle avouait manquer un peu de fond…

Sur le 73 km enfin. Epreuve reine des Citadelles, l’invité de marque s’appelait bien Thomas Lorblanchet. On se souvenait avoir vu ici même en démonstration un certain Dawa Sherpa, mais cette fois avec un champion du Monde en titre, la course prenait des accents de très haut niveau. Lui expliquait calmement et posément après coup, qu’il était là surtout pour commencer un gros bloc de préparation en vue de son objectif premier de l’année : l’UTMB. Il devait enchaîner donc dans quinze jours avec la Trans Aubrac et ses 105 km… Ouf ! En tout cas à Lavelanet, il n’a guère laissé planer le doute. Il met moins de 7h pour l’emporter. Du jamais vu ! Thomas Saint-Girons arrive une bonne demi-heure après. Lui qui a pourtant un palmarès des plus impressionnants sur les épreuves d’ultra en France. Patrick Bruni, triple vainqueur du long, réussit la belle performance de monter sur le podium. Finissant même pas si loin de Saint-Girons. Il s’est donc bien remis du trail de Gruissan qui l’avait vu abandonner. Derrière les Espagnols venus en nombre s’octroient les place d’honneur. Chez les femmes, Véronique Chastel, l’Aveyronnaise, a été véritablement royale. Celle qui avait gagné la première piste des Seigneurs entre Rodez et Millau, il y a deux ans, avouait ne pas trop courir des longues distances. Pourtant à chaque fois elle fait mouche. Toute en modestie. Un vrai bout de championne en vérité !
Reste bien sûr que si les premiers étaient plus ou moins marqués par l’effort, il aura fallu attendre tard dans la soirée pour voir arriver les tous derniers. Et là les corps sont meurtris sans exception, les visages sont marqués, les traits tirés. Le repas du midi devient ainsi dîner entre amis.
Les Citadelles, c’est vraiment une course à part. Une course de costauds. On ne peut en douter !

Rémy Jégard

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mars, 2024

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