Madeira Island Ultra Trail, Z. Miller et C. Chaverot impériaux

Une quête de points pour l’UTMB, une envie de courir, une première sur une course si longue, pas de stratégie particulière ; Zach Miller vainqueur de la CCC l’an passé l’avait annoncé (lire ITW avant course) c’est avec envie, plaisir et désir de challenge qu’il abordait le MIUT 2016, étape de l’UTWT.

Et c’est avec le panache et toute la fougue de ses 27 ans que l’américain remporte sa deuxième victoire de rang sur le territoire européen avec un temps record de 13h53mn35 pour venir à bout de l’exigeant parcours de 115km et 7 000m de dénivelé positif – lire la Preview ICI

Il relègue l’espagnol Tofol Castanyer 2ème de l’UTMB en 2014 et 3ème des Templiers en 2015 à 20mn28 et le français Sébastien Camus à 26mn28.

Chez les femmes, c’est avec une envie et une soif de chrono tout aussi palpables que Caroline Chaverot a dominé une nouvelle fois une épreuve de l’UTWT réalisant par la même occasion un impressionnant top 8. Très nette victoire en 15h02mn 13 avec 1h22′ d’avance sur sa dauphine de la Transgrancanaria la suissesse Andréa Huser, seconde en 16h24mn04. Emilie Lecomte s’accrochant pour finir à la troisième place près de 3h plus tard en 17h57mn35.

Une cadence infernale

Dès le départ donné au Nord Est de l’île à Porto Moniz dans une ambiance de fête de village sous une légère pluie, Zach Miller donne le ton et fait partir la course sur des bases élevées.

Il pointe en tête au sommet de la redoutée montée de Fanal (plus de 1000m positif sur moins de 5kms) avec un peu moins de deux minutes d’avance sur un peloton de coureurs emmené par Cyril Cointre et Sébastien Camus accompagnés de Tofol Castanyer, Jérôme Lucas et Fulvio Dapit. Antoine Guillon les suit à quelques secondes avec le vainqueur local de l’édition précédente Luis Fernandes.

Tofol Castanyer - second MIUT 2016Arrive ensuite une longue descente rendue difficile avec la nuit et l’humidité des jours précédents vers Chao da Ribeira qui fera le régal d’Antoine Guillon qui prendra la tête de la course devant Sébastien Camus et Zach Miller lui concédant une quarantaine de secondes. Si le vainqueur du Grand Raid de la Réunion et lauréat de l’UTWT 2015 a trouvé l’américain sur la réserve en descente il a été stupéfait par la facilité avec laquelle il a pris le large dans l’ascension vers Estanquinhos dans le massif montagneux central de l’île.

Verdict, 10mn40 d’avance après 27,7kms de course pour 2854m de dénivelé positif sur Guillon, Rovera, Camus et Cointre.

Et sur le parcours madérien aux allures de montagnes russes, le membre du Team Nike a réussi à creuser petit à petit l’écart sur ses poursuivants avec des ascensions hors norme et des descentes plus raisonnées.

Au lever du jour après plus de 7h de course, 60kms et 4522m de dénivelé positif il compte plus d’un quart d’heure d’avance sur un trio tricolore composé d’Antoine Guillon, Cyril Cointre et Sébastien Camus suivis de près par Tofol Castanyer auteur d’un départ prudent après une veille de course particulièrement mouvementée ; son vol initial ayant été annulé en raison de la tempête qui s’est abattue sur l’île.

Sommet de Pico de Areeiro, 1818m un des points culminant de l’île et haut lieu touristique comme en témoignent les grappes de visiteurs qui jalonnent les singles en pierres jalonnés de marches aux côtés des coureurs, le soleil commence à réchauffer les corps et les esprits et les ascensions se font plus difficiles pour tous.

Un top 10 particulièrement prisé….par les Français(es).

Après 76,2kms et 6306m de dénivelé positif, Zach Miller n’ayant aucune idée de l’écart le séparant de ses concurrents pointe au sommet avec 24mn21 d’avance sur Tofol Castanyer suivi de Sébastien Camus 28mn49 après l’américain.

Caroline Chaverot - vainqueur MIUT 2016Si le trio de tête final semble se dessiner à ce moment là de la course, rien n’est moins sûr pour un top 5 et un top 10.

Cyril Cointre (+34mn55) coince un peu durant cette phase permettant à Antoine Guillon (+36mn59) victime également d’une fringale et Benoît Girondel (+37mn02) de recoller à lui.

Luis Fernandes et Fulvio Dapit sont à une poignée de secondes derrière et Fabien Antolinos handicapé depuis le début de la course par des problèmes gastriques l’empêchant de s’hydrater correctement franchit le sommet à la 9ème place avec 46mn04 de retard sur l’américain.

Et pour un top 10 chez les hommes il allait falloir s’accrocher car la lauréate de la Transgrancanaria qui affiche une très grande forme en ce début de saison hauteur également d’un départ canon a pris plus que le large sur Andréa Huser, Emilie Lecomte, Mélanie Rousset et Juliette Blanchet.

Après 10h42mn22 de course elle compte déjà une grosse heure d’avance sur la suisse qui en comptabilise également une sur Emilie Lecomte.

L’objectif semble donc tout tracé pour la vice-championne du monde de trail, une victoire, une place au scratch et un chrono !

Un parcours d’une difficulté incroyable et magnifique

La suite du parcours commune avec les concurrents de deux des autres épreuves organisées sur cette même journée, un Ultra de 85kms et un 40kms aura un profil descendant sur 40kms teinté d’une dernière butte au km 85.

Seb Camus : “j’en rêvais, je l’ai fait…”

Zach Miller réussira à gérer cette dernière difficulté pour franchir la ligne avec son désormais traditionnel jump déjà vu à la CCC en 13h53mn35 suivi de Tofol Castanyer et d’un Sébastien Camus particulièrement heureux de ce podium qui prendra le temps de savourer sa dernière ligne droite et de partager son émotion avec le public présent « c’était tellement dur, tant que la ligne n’est pas franchie rien n’est joué. Tellement de choses se sont passées pendant cette course, je suis incroyablement heureux, j’en rêvais, je l’ai fait c’est que du bonheur ».

Sebastien Camus - MIUT 2016

Hauteur d’un finish le couteau entre les dents Fabien Antolinos remonte à la 4ème place du classement alors qu’il était quasi incapable de franchir les longues ascensions de marches entre les Pico perclus de crampes et franchit la ligne en 14h35mn31 devançant Cyril Cointre d’une petite minute (14h36mn37), l’italien Fulvio Dapit (14h40mn12), le portuguais Luis Fernandes (14h49mn20) et une Caroline Chaverot décidément imbattable en ce début de saison qui l’emporte avec une grosse heure d’écart sur Zach Miller en 15h02mn13.

« C’était une course magnifique, le terrain était très boueux et glissant durant la première partie de nuit mais dès qu’il a fait jour c’était juste superbe. Le final au dessus de la mer, le passage entre les Pico était incroyable. Il n’y a rien à changer dans cette course, l’organisation était parfaite avec un balisage rarement aussi bien fait, de nombreux points de contrôle, je reviendrai peut-être l’an prochain ».

Benoit Girondel et Antoine Guillon qui se seront perdus durant une quinzaine de minutes sur la dernière descente complèteront ce top 10 en 15h08mn22 et 15h18mn19.

Côté féminin, Andréa Huser plutôt satisfaite de sa course et de sa seconde place en 16h24mn04 s’avouera particulièrement impressionnée quand elle apprendra l’écart avec Caroline Chaverot jusqu’à en rire et se dire qu’elle a du terrain par rapport à la Transgrancanaria ! (1h58 contre 1h22). Emilie Lecomte sur un jour sans se sera livré une belle bataille pour monter sur la troisième marche en 17h57mn35 devant Juliette Blanchet ( 18h57mn36) qui sera revenue sur la fin du parcours sur Mélanie Rousset (19h04mn46).

Une épreuve exigeante aux yeux de tous les coureurs qui auront particulièrement souffert sur ce profil « up and down ».

Zach Miller : “récupérer et préparer l’UTMB®

Antoine Guillon confiera à l’arrivée que le relief de Madère est « plus dur que celui de la Réunion car les successions de montées et de descentes sont raides et ne laisse aucun répit. Là où à la Réunion il y a des parties plus plates ici c’est toujours cabossé avec des pourcentages de pente rarement vus et les descentes sont sévères. Je pense qu’aujourd’hui j’en ai trop laissé dans les première descentes ».

Un profil cabossé qui a pour le coup particulièrement plu au lauréat du jour Zach Miller « J’adore monter ! Aujourd’hui j’ai essayé d’aller aussi vite que possible dans les montées pour creuser l’écart car je ne suis pas très bon en descente et que je ne voulais pas me faire remonter par Tofol. Je me suis régalé sur ce parcours et je suis particulièrement content d’avoir réussi à rester le premier jusqu’à la fin. Maintenant je vais pouvoir récupérer un peu, préparer l’UTMB et travailler ces descentes ! »

Texte Marie Dohin – ©photos Marie Dohin et Tiago Sousa

mars, 2024

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