Cavalls Del Vent, Kilian Jornet domine enfin ses montagnes

Alors qu’absolument rien ne rĂ©siste Ă  Kilian Jornet, Cavalls del vent se refusait jusqu’à maintenant Ă  lui… Une drĂ´le d’incongruitĂ©. C’est pourtant sa course, portĂ©e Ă  bout de bras par son sponsor, dans ses PyrĂ©nĂ©es dont il connaĂ®t la moindre ornière. Mais après deux abandons – dont un très douloureux en 2011 Ă  bout de ressource mentale – la troisième a Ă©tĂ© la bonne. A la fin d’une journĂ©e extĂ©nuante dans un dĂ©cor de brume et de boue oĂą la beautĂ© des masques de souffrance a remplacĂ© celle des paysages, Kilian Jornet a enfin offert cette victoire Ă  un public en Ă©bullition malgrĂ© la pluie glaciale qui n’a pas cessĂ© de rincer le Parc national de Cadi-Moixero. Cet Ă©nième succès de la saison lui permet de se mettre (quasiment) dĂ©finitivement Ă  l’abri en tĂŞte du classement gĂ©nĂ©ral des Ultra Skymarathon series mĂŞme si la « finale » aux Templiers (oĂą il sera absent) offrira le 28 octobre un bonus de points…
L’issue est sans surprise. Mais cela ne signifie pas pour autant que la course a manqué de suspense. Evidemment, le « little big man des Houches » a fait la course en tête comme il en a l’habitude. Mais Cavalls del vent ne s’est pas résumé à un cavalier seul sur 84,2km (6098m D+). Porté en tête à la faveur de la montée inaugurale vers le Refuge Niu de l’Aliga qui se dresse dès la sortie de Bagà, Jornet a d’abord été accompagné par son compatriote Tofol Castanyer qui vient de remporter la CCC® Tandis que la pluie glaçante allait redoubler à l’approche du sommet (2520 mètres), l’écart était déjà conséquent avec Miguel Heras qui pointait à quatre minutes.
Derrière, les Américains Dakota Jones et, plus loin encore, Anton Kupricka regardaient faire avec des yeux ronds et près de dix minutes dans les carreaux. Mais la journée ne faisait que commencer. En état d’hypothermie, Castanyer devait laisser filer. Comme Heras, il n’allait pas voir l’arrivée, alors que Jones et Kupricka haissaient le ton. Malgré une erreur de parcours après 34 kilomètres qui l’obligeait à sprinter à contre-sens pour passer au point de contrôle (« Je n’ai pas perdu d’énergie dans l’histoire », dit-il finalement), ce dernier fondait même sur Jornet après 5 heures de course : « Je me suis bien amusé à courir avec Kilian, souriait-il à l’arrivée. On est resté 2h30 ensemble. On avait la même intensité. C’était très sympa de courir vite sur ces montagnes. » Leurs relais allaient reléguer le jeune Jones loin derrière, obligeant le vainqueur de la Transvulcania à une longue et vaine chasse en solitaire.
Devant, l’attaque de Jornet en deux temps allait être imparable. Voltigeant dans les ascensions, il s’éclipsait au passage devant le refuge de Gresolet (Km 56) pour passer en tête au col de la Bauma avec deux minutes d’avance. Si Kupricka réussissait une nouvelle fois à faire la jonction dans la descente suivante, il pouvait dire « bye-bye Kilian » à la deuxième « mine » dans la montée vers le refuge Sant Jordi à 14 bornes de la ligne d’arrivée. « Kilian est un très bon grimpeur, ce qui lui a permis de gagner, comme on s’y attendait », a résumé l’Américain qui ne courait que sa quatrième course de la saison après une saison et demie gâchée par une fracture de la jambe. Il décroche en définitive une bonne deuxième place pour finir la saison en beauté même s’il courra la semaine prochaine en Afrique du Sud (il a renoncé à disputer la Diagonale des Fous).
Quant à Dakota Jones, il parvenait à Bagà transi de froid. « Après avoir monté le Mont Blanc avec Kilian et couru en Italie juste après (Sentiero delle grigne), j’avais les jambes un peu dures, disait-il. Mais ce n’est pas une excuse. J’ai vécu là-bas de belles expériences. J’ai couru aussi fort que je pouvais et même si ce n’est pas le résultat dont je rêvais, je suis content de ma course. » Alors qu’il va s’envoler cette semaine pour le Japon où il doit courir la Hasetsune cup (71km), le coureur Montrail a laissé entendre que les Templiers pourraient être rayés de son programme.
Chez les femmes, la course a été plus indécise encore. Avant d’arriver dans cet ordre dans un mouchoir de poche, Nuria Picas, Anna Frost et Emelie Forsberg se sont livrées à un incessant chassé-croisé. L’Espagnole garde finalement son tire devant la Néo-Zélandaise pour seulement 42 secondes…
Benjamin Steen
Classement : 1. Jornet (ESP, Salomon) 8h42’22’’ ; 2. Krupicka (USA, New Balance) 8h49’56’’ ; 3. Jones (USA, Montrail) 9h26’25’’ ; 4. Merillas (ESP) 9h49’33’’ ; 5. Reiter (ALL, Salomon) 9h51’05’’ ; 6. Dominguez (ESP) 10h05’08’’ ; 7. Teixeira (POR, Salomon) 10h25’12’’ ; 8. Picas (ESP) 10h34’42’’; 9. Frost (NZE, Salomon) 10h35’24’’; 10. Forsberg (SUE, Salomon) 10h39’51’’.

mars, 2024

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